Premier Budget Rectificatif 2020 : notre analyse
10 avril 2020
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Ce premier Budget Rectificatif 2020 est un budget d’urgence qui permet à l’Etat d’engager 350 millions d’euros de dépenses liées à la pandémie du Covid-19, et qui n’étaient évidemment pas prévues dans le Budget Primitif 2020.
Ces dépenses supplémentaires sont affectées au poste « Interventions Publiques » dans deux grandes catégories : 200 millions d’euros pour les mesures sanitaires et sociales, et 150 millions d’euros pour abonder un Fonds d’Intervention d’Urgence lié au Covid-19. Un compte spécial du trésor de 50 millions d’euros a été créé pour préfinancer les avances.
Les dépenses supplémentaires sont en partie compensées par une diminution de 50 millions d’euros des dépenses d’investissement, portant les dépenses supplémentaires nettes à 300 millions d’euros.
Le Budget Primitif 2020 envisageait un surplus de 5 millions d’euros, et ce premier Budget Rectificatif prévoit donc un déficit officiel de 295 millions d’euros. Comme l’a noté précédemment Monaco 2040, le déficit réel du Budget Primitif était en réalité de 145 millions d’euros (100 millions d’euros de vente des actions de la SBM du FRC au budget et abandon de la provision de 50 millions d’euros de l’hôpital). Ceci porte pour l'instant le déficit réel pour l'année 2020 à 445 millions d’euros.
Pourquoi parlons-nous de « premier budget rectificatif » ? Parce que, comme le reconnaît lui-même le gouvernement, la baisse anticipée des recettes liée à l’arrêt de l’activité économique n’est pas prise en considération dans ce budget rectificatif. Cette baisse a été estimée par le gouvernement à 180 millions d’euros pour trois mois, ce qui amènerait le déficit réel 2020 à 625 millions d’euros (475 millions d’euros selon la comptabilité du gouvernement) pour le moment. Nous invitons d'ailleurs le Gouvernement à ne pas attendre le Budget Rectificatif qui se tient traditionnellement en octobre pour estimer et prendre en compte la baisse des recettes au cours de l'année 2020 dans son ensemble.
Car nul ne sait quand la pandémie sera maitrisée, et quand elle le sera, quel sera l’impact économique à moyen terme de celle-ci. Même si la situation sanitaire parvient à être maitrisée d’ici le mois de juillet, qui peut croire que le mois d’août 2020 ne sera pas en recul sur le mois d’août 2019 ? Qui peut croire que cette crise sans précédent n’aura pas un impact sur l’activité économique jusqu’à la fin de l’année 2020, voire en 2021, même si cet impact s’amenuisera dans le temps.
Avec environ 2 milliards d'euros de réserves liquides devant nous, notre situation n’est pas catastrophique, mais elle n’est pas très confortable non plus, vu que le déficit de l’année 2020 pourrait bien approcher le milliard d’euros, sans un plan drastique de réduction des dépenses.
Le FRC a été conçu pour faire face à des situations comme celle que nous vivons aujourd’hui, et non pas pour fonctionner comme un budget bis dans lequel on puise à sa guise, comme le gouvernement, avec l’accord et l’incitation du Conseil national, le fait depuis de nombreuses années, chose que Monaco 2040 - et quelques conseillers nationaux esseulés - dénoncent régulièrement. Il faudra, le temps venu, tirer les leçons de tout cela. Il ne faut jamais oublier que si les réserves contenues dans le FRC venaient à s’épuiser, nous aurions à choisir entre la dette et l’impôt.
Pour l’instant, il faut parer au plus pressé. Les mesures d’urgence prises par le gouvernement, ne laisser personne au bord de la route, et commencer à réduire notre programme d’investissement (espérons que ce soit un choix politique et pas simplement le résultat mécanique de la fermeture de quelques chantiers), vont dans le bon sens.
Mais il faut aller plus loin. Même sans connaître la facture finale de la crise du covid-19, nous savons déjà qu’elle sera considérable et que la structure de l’économie monégasque est particulièrement vulnérable à une baisse des échanges et du tourisme. Il faut dès à présent s’engager dans une revue du programme d’investissement, mettre en sommeil tous les projets qui peuvent l’être, et le réduire à sa partie congrue. Quitte à redémarrer progressivement les projets si la situation venait à s’améliorer. Plus Monaco s’engagera tôt dans ce processus, plus nous améliorerons les chances que la crise actuelle ne remette pas en question le modèle économique qui a fait notre prospérité. Car vu l’ampleur de la crise, c’est bien de cela dont il s’agit.
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