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Premier Budget Rectificatif 2020 : notre analyse (mise à jour)

20 avril 2020

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Cette analyse fait suite à celle présentée par Monaco 2040 le 10 avril 2020. En effet, le gouvernement a décidé, et c’est une bonne chose, d’inclure dans ce premier Budget Rectificatif une estimation de la baisse des recettes due à la crise du covid-19 et au ralentissement de l’activité que celle-ci engendre. Les chiffres de dépenses demeurent grosso-modo inchangés, nous nous concentrerons donc ici sur les recettes et le déficit prévu.

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La diminution des recettes par rapport au BP2020 est estimée à 174 millions d’euros, principalement la TVA (-135 millions), les transactions juridiques (-11 millions) et les revenus du domaine de l’état (-27 millions).  Bien que ce chiffre paraisse considérable (-11.5% par rapport au BP2020), il pourrait bien sous-estimer la réalité

 

Et ceci pour trois raisons :

  1. les revenus de l’ISB (Impôt sur les Bénéfices) sont maintenus inchangés par rapport au Budget Primitif, ce qui est surprenant

  2. les recettes entre 2008 et 2009 avaient diminué de 17% à la suite de la crise des sub-primes, que chacun s’accorde à dire qu’elle était moins sévère que celle que nous vivons aujourd’hui. Pour donner une idée de ce qui nous attend, Monaco n’a retrouvé le niveau de recettes de 2008 qu’en 2012.

  3. nul ne sait quand la pandémie sera maîtrisée, et qui peut croire que cette crise sans précédent n’aura pas un impact économique jusqu’à la fin de l’année 2020, voire en 2021 (et au-délà), même si cet impact s’amenuisera dans le temps ?

 

Tout cela signifie que l’estimation officielle du déficit 2020 contenue dans ce Budget Rectificatif (477 millions) est très optimiste. D’abord il faut y rajouter le déficit tronqué du départ (145 millions), ce qui porte le déficit réel à 622 millions.  On voit bien que si la diminution des recettes suit la courbe de 2008/2009, on pourrait bien s’approcher des 800 millions de déficit, voire davantage si les dépenses prévues pour faire face au Covid-19 s’avéraient plus importantes que prévues.

 

Comment financer ce déficit colossal ?

 

Les insouciants diront "ne vous en faites pas, nous avons le FRC (Fonds de Réserve Constitutionnel) qui a environ 2 milliards de liquidités". Enfin plutôt 1,7 milliards car aujourd'hui 300 millions sont "bloqués" pour la retraite des fonctionnaires (on ne comprend d'ailleurs toujours pas à quoi sert exactement cet argent mais nous y reviendrons ultérieurement). Ce sont les mêmes qui depuis des années ont cautionné l’utilisation de FRC comme un budget bis, faisant passer celui-ci de l’équivalent de plusieurs années de dépenses budgétaires annuelles à tout juste un an et quelques mois aujourd’hui. Et si le déficit 2020 avoisine les 800 millions, il ne restera plus que 900 millions € de liquidités c'est à dire l'équivalent de 6 mois de dépenses budgetaires annuelles (car en 2020 les dépenses avoisinneraient alors 1,8 milliards) ! 

 

Ce sont aussi les mêmes qui, en coulisse, diraient aujourd’hui que nous devrions emprunter pour éviter de vendre les valeurs mobilières dans un marché déprimé. En réalité cela ne ferait que nous exposer davantage aux marchés financiers dans l’espoir que ces derniers remontent rapidement. Un peu comme un joueur, après avoir perdu une première fois, augmenterait sa mise pour se refaire. Sauf que personne ne sait si les marchés vont revenir à leur niveau d’avant crise, et quand. C’est vrai, en de rares occasions, Monaco a fait appel à l’emprunt, mais c’était pour financer des projets d’avenir, pas pour combler un déficit. La réalité c’est que si 2021 ne voit pas un retour à la normale en termes d’activité économique, nous terminerons l’année prochaine sans un sou devant nous.

 

Les cigales ont été aux affaires depuis trop longtemps et voici le résultat. Personne ne parle encore de la nécessité de réduire la voilure, et pourtant c’est l’évidence même.  Notre conclusion est la même que celle ne notre première analyse de ce BR2020 :  il faut dès à présent s’engager dans une revue des dépenses, du programme d’investissement en particulier (pas seulement du budget annuel, mais aussi du plan triennal), mettre en sommeil tous les projets qui peuvent l’être, et le réduire à sa partie congrue. Quitte à redémarrer progressivement les projets si la situation venait à s’améliorer.

 

Plus tôt Monaco s’engagera dans ce processus, plus nous augmenterons les chances que la crise actuelle ne remette en question le modèle économique qui a fait notre prospérité, un modèle bâti sur l’absence de dette et d’impôt sur le revenu. Car vu l’ampleur de la crise, c’est bien de cela dont il s’agit.

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