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Logement : et si on regardait un peu plus loin ?

13 avril 2018

Bon ! Par où commencer… L'actualité de ces 2 derniers jours a été mouvementée en terme de logements pour les Monégasques. Essayons d'y voir plus clair, parce qu'au-delà des réactions épidermiques, le scenario tel qu'il s'écrit ne nous fait pas vraiment rêvé pour le moment.

 

Logement, y a-t-il vraiment pénurie ?

Lors de la dernière commission d’attribution, M. Spiliotis a fait l’effort de nous en restituer les chiffres exacts, les voici.

Il y a eu 444 demandes. Parmi ces 444, 147 étaient bien logés et 297 mal logés.

Imaginons que la commission cherche à résoudre le problème des mal logés uniquement.

Comme il n’y avait que 180 logements à attribuer, à l’issue de l’attribution il restait donc 297-180 = 117 mal logés.

Or parmi les mal-logés résidant dans les domaines ayant reçu un logement, entre 40 et 70 vont libérer leur appartement au profit des mal-logés hors domaines, ce sont des appartements dits de “restitution”. Après attribution de ces logements de restitution, il reste donc 117 - [40-70]  = entre 47 et 77 mal logés.

Alors après, pour le confort légitime, il reste bien sûr les bien-logés hors domaine dont nous ne connaissons pas le chiffre mais forcément inférieur à 147.

Le terme de pénurie ne peut qu’être réservé aux mal logés, qu’ils résident dans les domaines ou non, et on est donc sur une pénurie de 47 à 77 logements. Si on inclut les bien logés hors domaine, alors ça tourne autour de 200 demandes et on alors on doit alors parler de pénurie y compris de confort.

Il faut donc résoudre cette petite pénurie actuelle évidemment et on comprend bien le message du Conseil National, un message auquel on adhère, si ce n’est qu’au vu des chiffres réels de la pénurie, la demande du Conseil National est vraiment excessive.

 

Ensuite, le rythme de croisière à Monaco, c’est la nécessité de 100 logements supplémentaires par an, et là dessus tout le monde semble être d’accord.

 

Voyons à présent comment les uns et les autres comptent résoudre ce problème (pénurie réelle + vitesse de croisière).

Prévision de “livraison” d’appartements neufs

Le gouvernement annonce aujourd’hui la “livraison” de 451 appartements neufs pour la période 2018-2021 :

  • 150 pour Testimonio II (2021)

  • 150-200 pour Testimonio III (2021)

  • 45 pour les Jardins d’Apolline (entre 2019 et 2021)

  • le reste dans des opérations intermédiaires (25 pour Soleil du Midi en 2019),

Bien sûr, les 181 appartements de restitution prévus n’ont pas à faire partie des calculs puisque la seule chose qui compte ce sont les logements domaniaux nouveaux.

Ca fait donc en moyenne 112,75 appartements neufs par an pour les 4 prochaines années.

 

Dit comme ça, la pénurie réelle (hors confort) ne sera pas résolue aujourd’hui mais en 2021 avec l’énorme livraison (300-350 logements) de Testimonio II et III. On peut le regretter mais bon, Monaco n’a pas les sous pour résoudre cette pénurie immédiatement, sinon évidemment l’Etat l’aurait fait depuis longtemps. Compte tenu de ses finances, l’Etat n’a pas pu faire mieux que de faire les opérations Testimonio II et III, en étant conscient que cela ne fait que différer dans le temps la résolution de la pénurie actuelle.

 

Voilà, ça c’est le court terme. Et le vrai problème de Monaco n’est pas le court terme, même si la petite pénurie actuelle en est un mais une fois qu’on a compris qu’on ne peut pas faire autrement pour des raisons de coût on comprend mieux l’effort que chacun d’entre nous doit faire dans l’immédiat. Le vrai problème du logement c’est le long terme, alors continuons un peu plus loin, parce que Testimonio II et III donnent le signal de départ.


 

Donc, l’équation de demain, c’est bien MC = HK (Hong-Kong)

M. Castellini le dit d'ailleurs fort bien dans le Monaco-Matin de ce jour : “Les défis qui s’imposent à nous impliquent forcément un recours à des immeubles de grande hauteur là, et quand, la topographie du lieu s’y prête”.

Est-ce vraiment ce que nous voulons ?

Attention, des chantiers en hauteur ça veut dire :

  • que de nombreuses personnes n’auront plus de vue. En effet, il ne peut y avoir qu’un nombre fixe d’appartements ayant une vue à Monaco, c’est mathématique. Donc si on donne une vue à un appartement, on la retire à un autre. Ca refroidira forcément les riches étrangers à acheter des appartements avec vue, et ça gonflera les nationaux à qui on leur retirera un peu d’air

  • des chantiers pharaoniques, avec toutes les nuisances qui vont avec

  • des coûts colossaux que nous laisserons à nos enfants lorsqu’il faudra démolir des tours pour vétusté

  • une densité de population de plus en plus importante et tout ce qui va avec (difficulté de circulation accrue, consommation énergétique plus importante et donc émissions de GES aussi, un accroissement du sentiment d’entassement qui est de plus en plus difficile à vivre, un accroissement de la température en ville, etc.)

  • une augmentation de notre empreinte écologique (une construction, d’autant plus qu’elle est haute, coûtera de plus en plus cher à la planète)

Et quand on aura fini de construire notre petit Hong-Kong local (quand bien même on y arrive, et on n’y arrivera pas car l'énergie nécessaire pour construire ces tours sera devenue trop chère, la pression environnementale sera de plus en plus forte etc.), on fera comment ?

Ca nous embête de laisser ce monde-là à nos enfants qui auront des soucis bien plus graves à gérer d’ici là.

 


 

Alors que faire ?

Ça ne dépend que de nous et des efforts que nous sommes tous prêts à faire, pour nos enfants évidemment, mais aussi pour nous car tout ça concerne également les générations actuelles.

 

A ce moment-là, il n’y a que 2 options possibles :

  1. soit on continue comme ça (c’est-à-dire on ne fait aucun effort) afin de conserver aujourd’hui notre modèle économique et sociale et alors ce qui nous attend est exactement ce que nous avons décrit dans l’impasse

  2. soit on accepte de faire des efforts dès aujourd’hui afin d’éviter le scenario de l’impasse

 

Comme le disait justement M. TELLE dans les colonnes du Monaco-Matin de ce jour :

"Le modèle social monégasque pourrait éventuellement exploser si la démographie grandissait trop vite. Ce lien presque arithmétique entre démographie et logement sera compliqué à tenir à 30 ou 40 ans. C'est tenable pour les finances publiques à 10 ans, probablement moins à 30 ans. Ca fera l'objet de discussions avec les élus du Conseil National, qui sont tout aussi conscients de ces difficultés pour avoir parlé de cette bombe flottante avec le président Valeri".

L'option 1 est donc bien condamnée et tous les efforts doivent se concentrer sur l'option 2. C'est ce que nous essaierons de faire prochainement, en imaginant les solutions possibles.

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