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CAISSE DE RETRAITE : TOUT SAVOIR

On va essayer de vous expliquer comment fonctionne une caisse de retraite en moins de 10 minutes.


 

Qu'est-ce qu'une caisse de retraite ?

 

Il faut voir une caisse de retraite comme une boite dans laquelle de l’argent rentre et sort :

  • en entrée : ce sont les cotisations versées par les employeurs et leurs salariés

  • en sortie : ce sont les pensions de retraite versées aux retraités qui ont cotisé au cours de leur carrière à cette caisse

 

Et à l’intérieur de la boîte, il y a :

  • un compte en banque avec de l’argent dedans (cet argent est placé, on verra ça plus loin) : on appelle ça les “réserves”

  • des salariés dont l’objectif est de :

  • bien réceptionner les cotisations (qui vont dans le compte en banque) et bien payer les pensions (qui sortent du compte en banque) : on les appelle les Opérateurs de Flux (ou simplement Opérateurs dans toute la suite)

  • s’assurer que dans le compte bancaire “il y aura toujours suffisamment d’argent pendant un certain laps de temps” (on verra plus loin ce que ça veut dire) pour que les retraites soient payées : on les appelle les Gestionnaires Actif/Passif (ou simplement Gestionnaires dans toute la suite)

On schématise :

Ainsi, tous les mois, le compte bancaire de la caisse varie en fonction de ce qui rentre (les cotisations) et de ce qui sort (les pensions, on néglige dans toute la suite les frais de fonctionnement).

 

Lorsque les Gestionnaires se rendent compte qu’à un horizon pas trop lointain il n’y aura pas assez d’argent sur le compte pour que les retraites soient payées, on dit que la caisse fait faillite. On verra plus tard ce qui se passe dans ce cas-là (c’est assez fréquent en fait).

 

Voilà, c’est tout, il n’y a rien d’autre et pas d’autres objectifs que ceux-là.

 

​​

Bien réceptionner des cotisations et bien payer des pensions, on comprend assez facilement. Mais s’assurer que dans le compte bancaire “il y aura toujours suffisamment d’argent pendant un certain laps de temps” pour que les retraites soient payées, ça a l’air moins évident… Alors voyons tout de suite comment ça marche.

Comment font les Gestionnaires pour s’assurer que la caisse ne fera pas faillite pendant un laps de temps ?

 

En général, les Gestionnaires commencent par se donner un horizon de temps, disons par exemple 20 ans. Et ce qu’ils veulent, pour faire simple, c’est s’assurer que pendant tout ce laps de temps le compte bancaire soit toujours positif, avec un certain degré de confiance.

 

Comment font-ils ? Ce n’est pas sorcier et ça dépend du type de système de retraite. On ne va pas étudier tous les cas possibles ! Pour faire simple, on va prendre le cas le plus répandu au monde qu’est le système à “prestations définies géré en répartition”.

 

Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce n’est pas très compliqué :

  • à “prestations définies”: ça veut dire que le montant de la pension d’un retraité ne dépend que des salaires qu’il aura perçu au cours de sa carrière.

  • géré en répartition” : ça veut dire que ce sont les salariés de l’instant t qui paient les pensions des retraités du même instant t (a contrario, pour info, un régime "géré en capitalisation” voudrait qu’un salarié de l’instant t cotise pour sa propre retraite lorsqu’il partira à la retraite)

 

Pour estimer combien il y aura dans le compte bancaire de la caisse pendant les 20 prochaines années, les Gestionnaires doivent :

  • estimer ce qui rentre (les cotisations) pendant les 20 prochaines années : ça nécessite de simuler le nombre de salariés et leurs revenus dans les 20 prochaines années (quelques hypothèses sont nécessaires)

  • estimer ce qui sort (les pensions) pendant les 20 prochaines années : ça nécessite de simuler le nombre de retraités dans le futur (il y aura de nouveaux retraités, certains mourront etc.) ainsi que leurs pensions (quelques hypothèses sont nécessaires)

  • estimer ce que rapportent les réserves placées pendant les 20 prochaines années : ça nécessite de simuler l’évolution de la valeur de ces placements dans le futur (quelques hypothèses sont nécessaires)

 

L’exercice n’est vraiment pas évident et en général les spécialistes qui font ces calculs s’appellent des “actuaires” ou des “ingénieurs financiers”.

 

Par ailleurs, les Gestionnaires ont aussi la charge du placement des réserves. Ils sont donc amenés à les optimiser (on ne laisse pas l’argent dormir!) en achetant de manière optimale des appartements, des actions, et tout un tas de produits financiers sur les marchés financiers internationaux. Les Gestionnaires qui s’occupent de toute cette partie de placements s’appellent des “gérants d’actifs”, qui peuvent être les “actuaires” ou “ingénieurs financiers” qu’on a vu précédemment s’ils ont un supplément de compétences.

 

Ainsi, si toutes ces simulations que font les Gestionnaires sont rassurantes (c’est ce que les Gestionnaires pourraient se dire si par exemple la probabilité que le compte bancaire de la caisse reste positif pendant les 20 prochaines années est très élevée), alors les Gestionnaires disent que tout va bien. Si au contraire ces simulations ne sont pas rassurantes, voire critiques, alors les Gestionnaires peuvent considérer que le système est en faillite.

 

Dans tous les cas, les Gestionnaires font des rapports réguliers sur la situation financière de la caisse d’après leurs simulations. Ces rapports sont discutés lors de comités tripartites (syndicat de salariés, syndicats d’employeurs, Etat). En général, lorsque le rapport montre que :

  • la caisse est loin de la faillite sans être trop prospère : alors on ne change rien

  • la caisse est proche de la faillite (l’Etat n’est pas content car sa mission consiste à avoir un système pérenne) ou au contraire la caisse est trop prospère (les salariés et les patrons ne sont pas contents car ils aimeraient bien moins cotiser) : alors on fait une réforme des retraites

Et qu'est-ce qu'une réforme des retraites ?

 

C’est simple, c’est une négociation tripartite (syndicat de salariés, syndicats d’employeurs, Etat) où, avec l’aide des Gestionnaires de la caisse, pour faire simple on modifie au moins un des 3 grands paramètres de tout régime de retraite :

  • taux de cotisation

  • formule de la pension

  • âge de départ à la retraite

 

de telle sorte qu’on remet la caisse sur le bon chemin (ni trop pauvre, ni trop riche, en plein milieu quoi !).

 

Alors en général, une réforme des retraites a le plus souvent lieu lorsque la caisse est proche de la faillite, et dans ce cas la réforme fait toujours des mécontents :

  • ce sont les futurs retraités si la réforme décide d’augmenter l’age du départ à la retraite ou de baisser le montant de la pension

  • ce sont les jeunes actifs si la réforme décide d’augmenter les cotisations salariales

  • ce sont les patrons si la réforme décide d’augmenter les cotisations patronales

En général, chacune des parties accepte de contribuer à l’effort.

Et quels sont les facteurs qui font qu’une caisse se rapproche de la faillite ?

 

De manière intuitive, on peut dire que la caisse se rapproche de la faillite lorsque dans le futur :

  • le nombre de salariés baisse pour des raisons imprévues (baisse de l’embauche, augmentation des démissions, épidémies etc.) [logique : plus il y a de salariés, plus il y a de cotisations, plus c’est facile de payer les retraités, et réciproquement]

  • l’espérance de vie augmente (c’est le sens de l’histoire, mais l’histoire sera contrarié à cause de la pollution et du changement climatique et de ses conséquences) [logique : plus on vit vieux, plus il y a de retraités et plus longtemps il faut les payer, plus c’est difficile de payer les retraites]

  • les aléas démographiques ont été sous-estimés (par exemple, les baby-boomers qui vont partir à la retraite pendant encore 20 ans, vont grossir les rangs des retraités au-delà de la “normale”, alors si le phénomène est sous-estimé, on se retrouve avec de nombreux retraités supplémentaires d’un coup que le système aura du mal à supporter)

  • les “réserves” ont un moins bon rendement que prévu à cause des aléas des marchés financiers internationaux

 

Plus la taille de l’échantillon est petite (c’est le cas à Monaco), plus l’impact d’un individu est important, et donc plus le système est sensible à tous les facteurs qu’on vient d’énumérer.

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